Manger
est un acte politique !
par
Armanda Dos Santos
6
août 2020 · Ayurveda
Depuis
que j’ai commencé à étudier la Diététique et la Nutrition, à
étudier l’Aliment, j’ai commencé à comprendre que manger
implique bien plus que ma santé, ma digestion et mon bien-être.
Au-delà de ce qui se passe dans mon assiette, ce que je choisis de
manger, de ne pas manger, où j’achète mes aliments, quelle
économie je choisis de soutenir, a un impact très profond, pour et
dans, la société toute entière.
J’ai
été amenée à reconnaître que mon Alimentation est un outil de
changement : politique, économique, environnemental, social,
nutritionnel… un acte citoyen, une arme politique. Lorsque je fais
mes choix alimentaires, j’aspire à ce que tous et toutes puissent
jouir du même choix en termes de qualité, de quantité et de
finances
L’acte
de manger implique la responsabilité de tous et de chacun, à
travers une grande chaîne qui va de la Terre à l’assiette.
Lorsque
je choisi de manger tel produit ou tel autre, de telle ou telle
façon, je fais le choix de ne pas détériorer ma propre santé, ni
celle de l’agriculteur/producteur, ni celle de la Terre et de la
planète. Ne serait-il pas « égoïste » de ne considérer la
nourriture principalement comme plaisir gustatif… ?
Ne
pas empoisonner la Terre ses sols et ses rivières, ne pas rendre
malade l’agriculteur, la société, est une responsabilité qui
m’incombe pleinement, en tant que citoyenne, mais aussi en tant
qu’occupante éphémère de cette Planète et ce que je laisserais
comme lègue aux générations à venir. Ceci est, à mon sens, une
vision véritablement, holistique ment, saine et équitable.
Manger
est ce qui est « commun » à tous les hommes sur la Terre.
J’aspire
à ce que demain « manger bio » ou « sain » ne soit pas un
privilège de certains mais la norme.
Manger
est un acte politique, car nos choix alimentaires ont un impact
destructeur sur la santé physique et mentale des hommes, sur les
identités culturelles, sur les systèmes économiques, sur la
préservation de l’environnement, et sur l’avenir de notre
humanité.
ESSOR
DU MANGER « SAIN»
Nous
assistons de plus en plus à un essor du manger « sain ».
Seulement,
si je mange « sain », mais que mon aliment est cause de famine, de
discriminations, de déforestations quelque part dans le monde,
alors, c’est un aliment au goût amer, et des pratique que je ne
veux pas cautionner.
De
la même manière, les quantités de nourriture que je consomme est
aussi un acte de conscience, citoyen et politique. En mangeant moins,
je choisis de gaspiller moins, de préserver la planète et ses
ressources, de prendre le temps et de passer du plus (quantité) au
mieux (qualité).
Il
est de la responsabilité des citoyens que nous sommes de faire de
déterminer nos choix: quel type d’aliment nous privilégions, à
qui nous donnons notre argent, quelle économie nous soutenons.
J’ai
conscience que la question est absolument complexe.
Je
lisais récemment que la France est le second pays le plus
consommateur de produits alimentaires bio en Europe, derrière
l’Allemagne.
Malheureusement aujourd’hui, et malgré l’essor du « BIO », beaucoup de
personnes n’ont pas d’autres choix que de s’alimenter de «
l’alimentation du pauvre », de malbouffe, de fast-food, de
sous-marques à bas-prix… pour des raisons financières, sociales,
politiques ou climatiques.
Cet
engouement pour le bio pose de nombreuses autres questions sur la
qualité réelle ou pré-supposée de ces produits. Il est aujourd’hui possible de manger au printemps des tomates bio
cultivées en Espagne sous serres chauffées… Tordue par le
marketing vert, la notion d’agriculture biologique est entrain de
perdre de son intérêt.
Aussi,
les Français consomment pour 8,7 milliards de produits bio par an,
la production n’est cependant que de 4 milliards d’euros et
environ 40% des produits bio consommés en France proviennent de
l’étranger. Ainsi, l’idée selon laquelle le Bio serait plus
écologique que l’agriculture traditionnelle est un souvent un
cliché mensongé.
Par
exemple, de nombreux fruits et légumes sont récoltés bien avant
d’arriver à maturité. Ils sont donc moins riches en vitamines et
nutriments que leurs homologues issus de l’agriculture
conventionnelle locale. Par ailleurs, certaines pratiques sont
pointées du doigt, comme ces serres-chauffées dont l’empreinte
écologique est énorme. Sans compter le transport. Enfin, il n’y a
aucune garantie concernant les contrôles qualités de ces produits
car la réglementation sur les produits Bio n’est pas harmonisée
dans tous les pays d’Europe.
Malgré
tout, il nous reste à nous renseigner, dans notre entourage, sur des
forums, des associations de quartier, sur les circuits courts à
privilégier près de chez nous, jusqu'à trouver le bon producteur,
le bon réseau, et s’aligner avec plus d’éthique. Cette quête
de vérité, de transparence et de traçabilité, est un combat,
quotidien, constant, et tant de fois injuste. Mais c’est notre
réalité aujourd’hui. Fermer les yeux, et se décourager de ce
combat, serait comme l’exprime l’Ayurveda, « un crime contre
notre propre intelligence ».
Armanda
Dos Santos
Thérapeute
et formatrice en Ayurveda